Le diagnostic écologique
Si à l’heure actuelle une bonne partie de la population est sensibilisée aux enjeux écologiques, il est plus rare d’évoquer ce que cela implique lors de la réalisation de projets qui peuvent impacter l’environnement.
Pour un écologue l’objectif est d’intervenir et accompagner des projets qui ont pour vocation une intégration et un respect de la biodiversité, en lien avec les réglementations appropriées.

Publié le 29 janvier 2025 par :

Max Surmely
Consultant écologue
Max a pu prendre part pendant plusieurs années à de nombreux inventaires et rédactions d’évaluations environnementales. Habitué des bureaux d’études et grand amateur de travail sur le terrain, il participe volontiers aux inventaires naturalistes sur plusieurs taxons et aux campagnes de suivi de population d’espèces sensibles. Très porté sur l’étude des chiroptères, il développe des méthodes d’écologie acoustique non invasives et travaille entre la France et le Royaume-Uni sur des suivis de populations de plusieurs espèces. Enfin, il accompagne souvent les porteurs de projets dans la mise en place de mesures favorables.
Si à l’heure actuelle une bonne partie de la population est sensibilisée aux enjeux écologiques, il est plus rare d’évoquer ce que cela implique lors de la réalisation de projets qui peuvent impacter l’environnement.
Pour un écologue l’objectif est d’intervenir et accompagner des projets qui ont pour vocation une intégration et un respect de la biodiversité, en lien avec les réglementations appropriées.
Concrètement, cela passe par la réalisation d’études naturalistes et la rédaction de rapports et diagnostics écologiques, qui vont être la base de travail réunissant les différents acteurs d’un projet pour en éviter ou minimiser les impacts.
Cet article revient sur les différentes étapes que composent ce type d’étude, quelles compétences sont sollicitées et les démarches qui découlent du rapport d’écologue.
Les grandes étapes du diagnostic écologique
Les compétences d’écologues et naturalistes peuvent (et doivent dans plusieurs cas de figure) être sollicitées pour plusieurs types d’études : pré-diagnostics, états initiaux, impacts et mesures, etc.
Idéalement, différents chargés d’études sont sollicités le plus en amont possible des projets pour prendre part aux échanges et orienter leurs bons déroulements pour être les plus vertueux possible. La qualité des études est fondamentale puisqu’il s’agit du support qui va traduire la biodiversité et le potentiel écologique d’un site. Plusieurs étapes rythment le cycle d’une étude, qui s’articulent autour d’inventaires des habitats, de la faune et de la flore aux saisons propices :
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Une étude bibliographique : réalisée en amont dans la rédaction, permet d’identifier le type de milieu, la nature du projet ainsi que les enjeux écologiques locaux et les espèces potentiellement présentes. Cela permet d’affiner les méthodologies d’inventaires appliquées sur le terrain et de porter une attention particulière aux espèces sensibles connues. De nombreux jeux de données sont disponibles à différentes échelles pour étayer les recherches bibliographies : listes communales, données de l’INPN, de la DREAL, zonages écologiques, …
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Les inventaires naturalistes représentent l’étape la plus importante. Plusieurs interventions sur site sont menées pendant les périodes favorables pour différents groupes d’espèces à étudier. Les habitats écologiques, la flore et les communautés végétales sont généralement analysés ensemble. Les différentes espèces composant la faune sont quant à elles plutôt observées séparément grâce à des protocoles dédiés de prospections actives et passives. Pièges photographiques pour les mammifères, écoute active pour les oiseaux, analyses d’ultrasons pour les chauves-souris… Beaucoup d’outils et protocoles sont disponibles pour qualifier et quantifier la biodiversité d’un site de la façon la plus représentative possible.
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La détermination des enjeux écologiques : une fois la liste des observations établies, il faut décrire les espèces présentant des enjeux pour chaque grand groupe : oiseaux, reptiles, amphibiens, … L’analyse des données tient compte des statuts de conservation (national et régional), des statuts de protection (Directives « Habitats – faune-flore » & « Oiseaux » ainsi que les enjeux réglementaires), de la déterminance des espèces nicheuses ou patrimoniales dans la zone. Il est important de décrire les cycles de vie de la faune, les habitats favorables à leur réalisation et les corridors écologiques permettant le déplacement des animaux sur le site et à proximité. Toutes ces informations sont ensuite classées selon une méthodologie de détermination des enjeux majeurs, élevés, assez élevés, moyens ou faibles, et matérialisées au moyen d’une ou plusieurs cartes.
La diffusion du rapport au sein d’un projet
Le diagnostic écologique ainsi rédigé présente les conclusions des différentes compétences en jeu : habitats, botanistes, faunistes, cartographes, … Sa diffusion est le point de départ de présentation et d’échanges qui auront pour but de vérifier la faisabilité du projet et orienter sa mise en place selon les demandes et réglementations en vigueur.
L’accompagnement par l’écologue reste déterminant selon les besoins : prolonger l’étude sur les 4 saisons, participer à la rédaction de plans de gestion ou d’un volet naturel/étude d’impact ou encore rédiger une demande de dérogation « espèces protégées » si des espèces et habitats protégés sont susceptibles d’être impactés.
La biodiversité n’est pas un concept figé et il y a une certaine temporalité à respecter en ce qui concerne l’utilisation des données d’un diagnostic écologique, surtout en ce qui concerne les dynamiques des populations observées. Plus un rapport est récent, plus ses conclusions sont robustes et des prescriptions environnementales peuvent exiger de réaliser une nouvelle étude au bout de quelques années pour les projets les plus longs.