Le confort d’été : un enjeu crucial pour demain
Pourtant, beaucoup de nos constructions actuelles bien que performantes pour le confort d’hiver restent vulnérables en été. Face à cela, les usages évoluent : la climatisation explose, faisant grimper notre consommation énergétique et nos émissions de CO₂.
Publié le 01 juillet 2025 par :
Ibrahim
Consultant efficacité énergétique
Ibrahim est un ingénieur spécialisé en bâtiment durable et en efficacité énergétique. Passionné par les solutions respectueuses de l’environnement, il s’engage à concevoir des espaces alliant performance et bien-être. Son objectif : assurer le confort des occupants tout en préservant les ressources de notre planète.
Alors que les épisodes de chaleur extrême deviennent plus fréquents sous l’effet du dérèglement climatique, le confort d’été s’impose comme une priorité dans la conception des bâtiments.
Pourtant, beaucoup de nos constructions actuelles bien que performantes pour le confort d’hiver restent vulnérables en été. Face à cela, les usages évoluent : la climatisation explose, faisant grimper notre consommation énergétique et nos émissions de CO₂.
Il est donc urgent de trouver un équilibre entre confort thermique, sobriété énergétique et adaptation climatique.
Pourquoi le confort d’été est-il devenu un enjeu majeur ?
Le confort d’été, c’est la capacité d’un bâtiment à rester agréable à vivre même en période de forte chaleur, sans dépendre exclusivement de la climatisation.
Or aujourd’hui, la majorité des logements, bureaux et établissements publics en France ne sont pas adaptés à ces nouvelles conditions climatiques. Résultat :
- 🌡️ Températures intérieures étouffantes
- 💤 Mauvais sommeil, fatigue, troubles de la concentration
- 🧓 Risques accrus pour les personnes âgées ou fragiles
- ⚡ Explosion des usages de climatiseurs énergivores
C’est une crise silencieuse, qui touche notre quotidien mais qui reste trop souvent ignorée dans les projets de construction ou de rénovation.
Comment adapter nos bâtiments face aux chaleurs extrêmes ?
-Des solutions existent. Durables, accessibles et efficaces, elles peuvent être mises en œuvre à plusieurs échelles : du bâtiment à la ville.
À l’échelle du bâtiment : anticiper, protéger, rafraîchir
Tous les bâtiments — bureaux, écoles, hôpitaux, commerces — peuvent être repensés pour mieux résister aux fortes chaleurs.
🛡️ Bloquer le soleil… avant qu’il n’entre – C’est la règle de base : empêcher les rayons de frapper les surfaces vitrées. On privilégie des protections extérieures comme les stores, brise-soleils, volets roulants, casquettes, ou encore des plantes grimpantes. Plus le rayonnement est bloqué en amont, moins le bâtiment chauffe.
🧱 Miser sur des matériaux adaptés – Les matériaux biosourcés (chanvre, paille, liège, terre crue, ouate de cellulose…) ont une forte inertie thermique. Ils ralentissent l’entrée de la chaleur tout en étant écologiques. Ce sont des alliés précieux pour maintenir des températures intérieures stables sans énergie.
🌬️ Ventiler intelligemment – La nuit, il est crucial d’aérer pour faire entrer la fraîcheur. Des systèmes de ventilation naturelle bien conçus (ouvertures traversantes, fenêtres hautes, conduits) améliorent le confort thermique sans consommer d’électricité.
🧊 Intégrer des dispositifs passifs – Toits végétalisés, puits canadiens, peintures claires réflectives, murs épais ou double-peau : autant de techniques simples et passives pour limiter les besoins en climatisation.
À l’échelle de la parcelle : aménager l’environnement immédiat
Le traitement de l’espace autour du bâtiment est tout aussi crucial que sa conception.
🌲 Planter pour créer de l’ombre – Des arbres feuillus stratégiquement placés peuvent baisser la température ambiante de plusieurs degrés. Les végétaux grimpants et toitures végétalisées protègent aussi les murs et toits exposés.
🌱 Désimperméabiliser pour rafraîchir – Les revêtements imperméables (bitume, béton) emmagasinent la chaleur. À l’inverse, les surfaces perméables (pavés, gravier, végétation) permettent au sol de respirer, limitant l’effet d’accumulation thermique.
💧 Réintroduire l’eau – Fontaines, bassins, zones humides, brumisateurs publics ou systèmes de récupération des eaux pluviales créent un microclimat rafraîchissant grâce à l’évaporation.
À l’échelle de la ville : construire des climats urbains plus doux
Les centres urbains deviennent des îlots de chaleur, parfois jusqu’à 8°C plus chauds que les zones rurales voisines. Il est temps de réinventer nos villes.
🌿 Végétaliser massivement – Espaces verts, parcs, toits végétalisés, trames vertes… Plus la végétation est présente, plus la température baisse. C’est une stratégie gagnante pour tous.
🏗️ Repenser la forme urbaine – Orienter les rues pour capter les vents, espacer les bâtiments, éviter les matériaux trop sombres et massifs, créer des zones d’ombre… L’urbanisme bioclimatique peut devenir un outil central de lutte contre le réchauffement.
🚶 Favoriser les mobilités douces – Réduire l’usage de la voiture, c’est aussi diminuer la chaleur produite par les moteurs et libérer de l’espace pour la végétation. Plus de pistes cyclables, de trottoirs ombragés, c’est aussi plus de bien-être.
Il est temps d’agir !
Améliorer le confort d’été dans les bâtiments est une urgence, pas un choix. Il s’agit de protéger la santé, réduire les inégalités face aux fortes chaleurs, limiter notre consommation énergétique et contribuer à la lutte contre le changement climatique. Chaque bâtiment qui surchauffe est un signal d’alerte, mais aussi une chance d’agir différemment, dès aujourd’hui.
Un bâtiment durable doit être performant toute l’année : il doit offrir un abri contre le froid et les fortes chaleurs, sans aggraver le réchauffement.
Il est encore temps de transformer nos pratiques de construction et de rénovation. Mais cela exige de la rapidité, de l’intelligence collective et de la volonté.
Comme le dit Dominique Gauzin-Müller, architecte et spécialiste de l’architecture durable,
« Il faut repenser nos bâtiments non pas seulement comme des abris contre le froid, mais aussi comme des refuges face aux chaleurs extrêmes. »